B2 Windows 11, une aberration écologique ?
France 24
- Notre rendez-vous hebdomadaire avec reporter Léa Guedj aujourd'hui.
- Bonjour Léa.
- Bonjour Damien.
- On va parler ensemble d'obsolescence programmée et cette semaine sur Reporter, vous nous parlez notamment de Microsoft sous le feu des critiques.
- Eh oui, une pétition lancée par une coalition d'associations a reçu plus de 50 000 signatures en seulement deux semaines.
- Une manif a été organisée devant le siège de Microsoft à Paris hier. Pourquoi ?
- Eh bien ça n'a peut-être pas échappé aux utilisateurs de Windows 10, donc le système d'exploitation détenu par Microsoft sur PC. En fait Microsoft a annoncé qu'il allait cesser de faire fonctionner, de mettre à jour Windows 10 la semaine prochaine.
- Et ça veut dire quoi ? La fin de Windows 10 ?
- Alors concrètement, c'est notre journaliste Benjamin Dourier qui l'explique dans son article. Ça veut dire que Microsoft va cesser de mettre à jour, donc les ordinateurs sur Windows 10 vont cesser de fonctionner. Alors ça ne va pas se faire du jour au lendemain, ça va se faire progressivement puisqu'à compter du 15 octobre, Microsoft cesse de mettre à jour le système Windows 10. Petit à petit les logiciels vont cesser de fonctionner et l'ordinateur va devenir plus vulnérable au piratage.
- Voilà, il n'y aura plus de mise à jour et ça c'est un problème.
- Eh oui, et pour vous donner une idée de l'ampleur de l'enjeu, 400 millions d'ordinateurs dans le monde vont progressivement devenir obsolètes.
- C'est énorme 400 millions.
- C'est énorme parce qu'en fait ces ordinateurs sont incompatibles avec le nouveau système d'exploitation Windows 11. Elles sont en état de marche, ces machines, mais en réalité elles ne sont pas assez puissantes pour supporter cette nouvelle version. Et donc c'est donc sans précédent, il n'y a jamais eu autant d'ordinateurs d'un coup qui se retrouvent sans mise à jour. Et ça concerne non seulement les particuliers, mais aussi 180 millions d'ordinateurs dans les entreprises et dans les services publics. C'est pour ça que les associations se mobilisent pour éviter que des centaines de millions d'ordinateurs encore en état de marche se retrouvent mis à la poubelle.
- Parce que ça aurait un coût.
- Oui, alors déjà un coût financier évalué par la coalition d'associations et notamment par l'association Halte à l'Obsolescence Programmée, qui évalue le coût au niveau mondial à 10 milliards d'euros.
Certaines collectivités aussi qui témoignent auprès de l'association disent que ça va leur coûter 500 millions d'euros juste pour renouveler le parc informatique.
- Mais c'est aussi un coût écologique colossal. Pour vous donner une idée, 90% de l'empreinte environnementale d'un ordinateur, c'est en fait sa production. Imaginez si on doit produire des ordinateurs pour remplacer les centaines de millions d'ordinateurs.
- Donc selon les associations, le poids des matières premières qui seraient nécessaires pour produire ces ordinateurs et remplacer ceux qui sont incompatibles avec Windows 11, ça équivaut à 32 000 tours Eiffel.
Alors, sous la pression, Microsoft a lâché un peu de lest. Ils ont annoncé qu'ils laissaient un sursis d'un an aux utilisateurs européens uniquement parce qu'il y a eu cette mobilisation. Mais c'est qu'un sursis d'un an et c'est gratuit uniquement pour les particuliers. Les autres vont devoir payer pour en bénéficier.
- Pourquoi Microsoft veut forcer le passage à Windows 11 ?
- C'est une bonne question. Là, on touche à la question de ce qu'on appelle l'obsolescence programmée.
- Qu'est-ce que c'est l'obsolescence programmée ?
- C'est quand des entreprises volontairement réduisent la durée de vie d'un appareil électronique. Par exemple, Windows 10, ça fait seulement 10 ans que ça existe. Et selon les associations, ça pourrait tenir encore 5 fois, 6 fois plus. Mais ça coûte à l'entreprise, évidemment, de continuer à mettre à jour et à colmater les failles de sécurité sur un tel logiciel. Et puis, un éditeur de logiciel, son intérêt, c'est de vendre des licences de logiciel. Donc pour Microsoft, c'est un choix économique, même si l'entreprise américaine dit en fait que c'est pour bénéficier de protections avancées face à des cyberattaques de plus en plus sophistiquées.
- Alors, si on a Windows 10 sur son ordi et que l'ordinateur est incompatible pour Windows 11, on fait comment ?
- Alors évidemment, la première idée qui nous viendrait à l'esprit, c'est d'acheter un nouvel ordinateur. Et vous l'avez compris, ce n'est pas forcément ce qu'on recommande parce qu'il y a un impact très fort. La deuxième solution, et peut-être la première, ça serait d'abord de continuer à utiliser la machine sans mise à jour. Alors, ce n'est pas très recommandé, pas du tout même, parce qu'en fait, c'est même déconseillé par les spécialistes. Parce qu'en fait, si on continue d'utiliser sa machine sans mise à jour, il y aura des failles de sécurité.
- Donc on va être vulnérable, par exemple, à des vols de données.
- Donc la seconde solution, c'est de quitter Microsoft, passer à un système d'exploitation libre en open source, qui peut donner une seconde vie à ses ordinateurs. Ça veut dire passer d'un logiciel dont Microsoft est propriétaire, à un logiciel qui est en libre accès et donc qui n'est pas la propriété d'une entreprise commerciale.
- Et alors pour ceux qui nous regardent, notamment nos parents, techniquement, comment on fait pour passer de Windows à un logiciel libre ?
- Alors ça peut paraître compliqué, mais selon l'April, c'est l'association de promotion du logiciel libre, c'est pas si compliqué que ça. Pas beaucoup plus compliqué que de faire passer un ordinateur saturé en données de Windows 10 justement à Windows 11.
- Alors comment on fait ?
- On utilise une clé USB dite "bootable" sur laquelle on a téléchargé le logiciel libre. Alors je ne vais pas aller beaucoup plus loin parce que justement, je ne veux pas vous perdre et parce que je ne suis pas une experte en informatique précisément. Mais il y a des communautés d'utilisateurs en ligne, des associations justement qui peuvent vous aider à passer au logiciel libre. C'est toute une philosophie d'ailleurs, cette open source. Donc vraiment, ce n'est peut-être pas le moment de jeter votre ordinateur tout de suite.
[...]Bon, très bien. Sur un autre sujet, Léa, dans Reporter, vous nous parlez cette semaine de grenouilles et d'aérospatial. C'est quoi le rapport ? Oui, on se dit qu'il n'y a pas beaucoup de rapports entre un amphibien et une fusée a priori. Mais en fait, le rapport, c'est une révélation qu'on fait en partenariat avec le média d'investigation local GuyaWeb et l'agence France Presse. Le centre spatial en fait en Guyane, géré par le Centre national des études spatiales, donc l'agence spatiale française, a fait des travaux en détruisant un lieu de reproduction d'une espèce rarissime de grenouilles. Donc c'est une espèce de grenouille qui est quand même classée en danger sur la liste rouge des espèces menacées en France. Donc c'est vraiment très rare. Et la direction était au courant de la présence de cet habitat et de cette espèce. Mais elle a choisi de continuer de poursuivre le chantier qu'elle réalisait, malgré tout, jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée par une inspection de l'Office français de la biodiversité. Mais il y a beaucoup plus grave. Reporter a eu accès à des mails, à des échanges de mails, qui montrent que l'État a tout fait pour que le chantier reprenne le plus vite possible. Au nom évidemment du coût de l'opération, qui était assez élevé, et puis d'une opération dont le rôle dans le développement spatial est considéré comme important. Donc voilà, ces pressions, elles n'ont pas empêché le Centre national des études spatiales de finir devant le tribunal. Je vous laisse pour en savoir plus lire l'article de notre journaliste Enzo Dubécé sur Reporter. Reporter.net. net.
- Bonjour Léa.
- Bonjour Damien.
- On va parler ensemble d'obsolescence programmée et cette semaine sur Reporter, vous nous parlez notamment de Microsoft sous le feu des critiques.
- Eh oui, une pétition lancée par une coalition d'associations a reçu plus de 50 000 signatures en seulement deux semaines.
- Une manif a été organisée devant le siège de Microsoft à Paris hier. Pourquoi ?
- Eh bien ça n'a peut-être pas échappé aux utilisateurs de Windows 10, donc le système d'exploitation détenu par Microsoft sur PC. En fait Microsoft a annoncé qu'il allait cesser de faire fonctionner, de mettre à jour Windows 10 la semaine prochaine.
- Et ça veut dire quoi ? La fin de Windows 10 ?
- Alors concrètement, c'est notre journaliste Benjamin Dourier qui l'explique dans son article. Ça veut dire que Microsoft va cesser de mettre à jour, donc les ordinateurs sur Windows 10 vont cesser de fonctionner. Alors ça ne va pas se faire du jour au lendemain, ça va se faire progressivement puisqu'à compter du 15 octobre, Microsoft cesse de mettre à jour le système Windows 10. Petit à petit les logiciels vont cesser de fonctionner et l'ordinateur va devenir plus vulnérable au piratage.
- Voilà, il n'y aura plus de mise à jour et ça c'est un problème.
- Eh oui, et pour vous donner une idée de l'ampleur de l'enjeu, 400 millions d'ordinateurs dans le monde vont progressivement devenir obsolètes.
- C'est énorme 400 millions.
- C'est énorme parce qu'en fait ces ordinateurs sont incompatibles avec le nouveau système d'exploitation Windows 11. Elles sont en état de marche, ces machines, mais en réalité elles ne sont pas assez puissantes pour supporter cette nouvelle version. Et donc c'est donc sans précédent, il n'y a jamais eu autant d'ordinateurs d'un coup qui se retrouvent sans mise à jour. Et ça concerne non seulement les particuliers, mais aussi 180 millions d'ordinateurs dans les entreprises et dans les services publics. C'est pour ça que les associations se mobilisent pour éviter que des centaines de millions d'ordinateurs encore en état de marche se retrouvent mis à la poubelle.
- Parce que ça aurait un coût.
- Oui, alors déjà un coût financier évalué par la coalition d'associations et notamment par l'association Halte à l'Obsolescence Programmée, qui évalue le coût au niveau mondial à 10 milliards d'euros.
Certaines collectivités aussi qui témoignent auprès de l'association disent que ça va leur coûter 500 millions d'euros juste pour renouveler le parc informatique.
- Mais c'est aussi un coût écologique colossal. Pour vous donner une idée, 90% de l'empreinte environnementale d'un ordinateur, c'est en fait sa production. Imaginez si on doit produire des ordinateurs pour remplacer les centaines de millions d'ordinateurs.
- Donc selon les associations, le poids des matières premières qui seraient nécessaires pour produire ces ordinateurs et remplacer ceux qui sont incompatibles avec Windows 11, ça équivaut à 32 000 tours Eiffel.
Alors, sous la pression, Microsoft a lâché un peu de lest. Ils ont annoncé qu'ils laissaient un sursis d'un an aux utilisateurs européens uniquement parce qu'il y a eu cette mobilisation. Mais c'est qu'un sursis d'un an et c'est gratuit uniquement pour les particuliers. Les autres vont devoir payer pour en bénéficier.
- Pourquoi Microsoft veut forcer le passage à Windows 11 ?
- C'est une bonne question. Là, on touche à la question de ce qu'on appelle l'obsolescence programmée.
- Qu'est-ce que c'est l'obsolescence programmée ?
- C'est quand des entreprises volontairement réduisent la durée de vie d'un appareil électronique. Par exemple, Windows 10, ça fait seulement 10 ans que ça existe. Et selon les associations, ça pourrait tenir encore 5 fois, 6 fois plus. Mais ça coûte à l'entreprise, évidemment, de continuer à mettre à jour et à colmater les failles de sécurité sur un tel logiciel. Et puis, un éditeur de logiciel, son intérêt, c'est de vendre des licences de logiciel. Donc pour Microsoft, c'est un choix économique, même si l'entreprise américaine dit en fait que c'est pour bénéficier de protections avancées face à des cyberattaques de plus en plus sophistiquées.
- Alors, si on a Windows 10 sur son ordi et que l'ordinateur est incompatible pour Windows 11, on fait comment ?
- Alors évidemment, la première idée qui nous viendrait à l'esprit, c'est d'acheter un nouvel ordinateur. Et vous l'avez compris, ce n'est pas forcément ce qu'on recommande parce qu'il y a un impact très fort. La deuxième solution, et peut-être la première, ça serait d'abord de continuer à utiliser la machine sans mise à jour. Alors, ce n'est pas très recommandé, pas du tout même, parce qu'en fait, c'est même déconseillé par les spécialistes. Parce qu'en fait, si on continue d'utiliser sa machine sans mise à jour, il y aura des failles de sécurité.
- Donc on va être vulnérable, par exemple, à des vols de données.
- Donc la seconde solution, c'est de quitter Microsoft, passer à un système d'exploitation libre en open source, qui peut donner une seconde vie à ses ordinateurs. Ça veut dire passer d'un logiciel dont Microsoft est propriétaire, à un logiciel qui est en libre accès et donc qui n'est pas la propriété d'une entreprise commerciale.
- Et alors pour ceux qui nous regardent, notamment nos parents, techniquement, comment on fait pour passer de Windows à un logiciel libre ?
- Alors ça peut paraître compliqué, mais selon l'April, c'est l'association de promotion du logiciel libre, c'est pas si compliqué que ça. Pas beaucoup plus compliqué que de faire passer un ordinateur saturé en données de Windows 10 justement à Windows 11.
- Alors comment on fait ?
- On utilise une clé USB dite "bootable" sur laquelle on a téléchargé le logiciel libre. Alors je ne vais pas aller beaucoup plus loin parce que justement, je ne veux pas vous perdre et parce que je ne suis pas une experte en informatique précisément. Mais il y a des communautés d'utilisateurs en ligne, des associations justement qui peuvent vous aider à passer au logiciel libre. C'est toute une philosophie d'ailleurs, cette open source. Donc vraiment, ce n'est peut-être pas le moment de jeter votre ordinateur tout de suite.
[...]Bon, très bien. Sur un autre sujet, Léa, dans Reporter, vous nous parlez cette semaine de grenouilles et d'aérospatial. C'est quoi le rapport ? Oui, on se dit qu'il n'y a pas beaucoup de rapports entre un amphibien et une fusée a priori. Mais en fait, le rapport, c'est une révélation qu'on fait en partenariat avec le média d'investigation local GuyaWeb et l'agence France Presse. Le centre spatial en fait en Guyane, géré par le Centre national des études spatiales, donc l'agence spatiale française, a fait des travaux en détruisant un lieu de reproduction d'une espèce rarissime de grenouilles. Donc c'est une espèce de grenouille qui est quand même classée en danger sur la liste rouge des espèces menacées en France. Donc c'est vraiment très rare. Et la direction était au courant de la présence de cet habitat et de cette espèce. Mais elle a choisi de continuer de poursuivre le chantier qu'elle réalisait, malgré tout, jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée par une inspection de l'Office français de la biodiversité. Mais il y a beaucoup plus grave. Reporter a eu accès à des mails, à des échanges de mails, qui montrent que l'État a tout fait pour que le chantier reprenne le plus vite possible. Au nom évidemment du coût de l'opération, qui était assez élevé, et puis d'une opération dont le rôle dans le développement spatial est considéré comme important. Donc voilà, ces pressions, elles n'ont pas empêché le Centre national des études spatiales de finir devant le tribunal. Je vous laisse pour en savoir plus lire l'article de notre journaliste Enzo Dubécé sur Reporter. Reporter.net. net.