B1 La voix française de Harry Potter
«Voldemort est de retour, il faut retrouver les horcruxes.»
Bonjour, je suis Kelian Blanc, c'est moi la voix française d'Harry Potter et je vais vous raconter les 10 ans passés sur le doublage de la saga Harry Potter.
Alors il faut savoir que j'étais déjà dans le milieu du doublage depuis que j'ai 10 ans et donc mon nom circulait dans le milieu et c'est pour ça que j'ai été appelé pour passer le casting, sans que je sache quoi que ce soit du projet. Et il se trouve que j'ai passé les essais pour Harry et aussi pour Ron, donc j'ai un peu essayé les deux et quand j'apprends qu'on m'appelle et qu'on me dit c'est toi qui feras Harry, mais c'est le bonheur complet ! Surtout que je suis jeune, j'ai 12 ans, donc j'étais pressé de commencer.
À la base on nous avait dit qu'il y aurait trois films. On se doutait que ça allait continuer derrière, mais on partait sur trois films.
Ce qui se passe dans le doublage c'est qu'il y a une directrice artistique qui elle a une vue d'ensemble sur le film et qui peut nous conseiller sur la manière de jouer la comédie, ou même de poser sa voix. Moi, on m'avait interdit d'être familier, Harry Potter devait être ultra clean, donc aucune élision, chaque mot était important, donc ça c'était un travail très compliqué, surtout qu'on a 12 ans.
Harry : «Je suis désolé il ne sait pas ce que c'est que d'être là dans cette cage, jour après jour, à regarder des visages hideux collés contre la vitre.»
On avait une équipe derrière qui nous disait : il faut dire ce sort de cette façon. Tout était carré donc une fois qu'on nous disait il faut le dire comme ça, il faut dire Wingardium Leviosa, ok. d'accord, on va dire Wingardium Leviosa. Pour la langue des serpents, on m'a tout écrit, chaque syllabe que je devais dire. Ça faisait quelque chose comme [...] et après ils mettent de l'écho, des effets, des choses dessus qui font que ça prend toute cette ampleur.
Sur les premiers [films], j'ai tout le temps fait les films avec Olivier et Manon, avec les deux protagonistes. Pour ceux d'après, c'était un peu moins le cas. Alors il y a deux raisons à ça : il y a les disponibilités de chacun et il y a aussi le fait que avec Olivier on s'amusait vraiment beaucoup à faire rater Manon. Donc parfois, on nous a séparé exprès pour pouvoir avancer parce que sinon... Et c'était une famille, on était vraiment une famille, on s'amusait beaucoup, peut-être un peu trop. Je pense que ça se ressent aussi dans les films parce qu'il y avait une vraie complicité entre nous.
«Ce soir quand on retournera à la salle commune on aura une cavalière d'accord.»
Il y a des scènes où ça a été très dur, pour plusieurs raisons. Je pense à une scène en particulier sur le 1, le premier. Donc moi, j'allais au studio en RER et il se trouve que j'ai eu plus de deux heures de retard parce que dans ce RER, une femme a accouché, voilà, dans mon train. Et donc j'arrive dans le studio, je suis vraiment désolé, c'est pas de ma faute mais voilà, le train est arrêté, j'ai pas pu avancer. Et il se trouve que la première scène que je dois doubler ce jour-là, c'est une scène où il y a le chien à trois têtes qui garde la porte. Les trois enfants s'enfuient, essayent de fermer la porte et le chien pousse la porte, et donc la phrase que je devais dire c'était «mais pousse, poussez, pousse». Donc je suis parti en fou rire et on a mis deux heures de plus à faire une scène de 30 secondes, malheureusement.
Le plus dur c'est quand il y a énormément d'émotions à faire passer, heureusement qu'il y a du théâtre derrière pour pouvoir assumer des scènes comme ça.
Harry : «Je ne pouvais pas le laisser.»
Dumbledore : «C'est fini, Harry, c'est fini !»
Plus les films avançaient et plus on sentait l'ambiance noire, sombre, et on se le disait entre nous, on disait mais en fait, c'est plus du tout pour les enfants.
Le fait de retrouver toujours le même personnage, bah on le comprend de mieux en mieux et on sait même, rien qu'à son œil, on sait ce qu'il veut dire, ce qu'il pense et l'émotion dans laquelle il est à ce moment-là.
Je pense que l'impact, je l'ai ressenti à partir du moment où il y a eu des regroupements de fans de Harry Potter et qu'on m'invitait pour ça, pour aller à leur rencontre. Je savais que c'était un film très connu, mais voilà, la résonance du film, je l'ai ressentie à ce moment-là.
On est un peu fier quand même participer à un projet comme ça, mais on se juge tellement dans ce milieu... Quand je me vois, je me juge et je me dis, tiens, j'aurais peut-être pu la faire différemment. C'est pour ça que je regarde pas trop les films que je double.
J'ai rencontré quasiment toute l'équipe grâce aux avant-premières, où ils venaient en France. Aussi grâce aux conventions aussi, beaucoup, Comme Felton, j'ai passé tout un week-end avec lui en convention par exemple.
Je m'en souviens parfaitement du dernier jour. C'était une dernière scène avec Olivier, et il se trouve qu'on ne voulait absolument pas finir cette saga. Et donc on a mis aussi deux bonnes heures à le faire, parce qu'on échangeait les rôles, on prenait un accent, on ratait exprès parce que c'est trop triste. Ça a duré 10 ans et mettre un point final à 10 ans de ce travail, c'était très difficile.
Et quand je vois maintenant, on peut comparer les Harry Potter aux Star Wars ou à des sagas comme ça qui vont durer dans le temps, je pense que ça va tenir toute ma vie au final, je vais avoir cette image de la voix française d'Harry Potter. Parfois ça m'a joué des tours sur certains rôles, ou [des rôles] que j'ai pas eus parce qu'ils ne voulaient pas forcément que ce soit la voix d'Harry Potter qui fasse ce rôle, mais c'est le jeu. Et si on me demandait de choisir entre avoir tous les autres rôles que j'ai pas eus parce que j'ai fait la voix Harry Potter ou faire HarryPotter, je refais Harry Potter mille fois.
Bonjour, je suis Kelian Blanc, c'est moi la voix française d'Harry Potter et je vais vous raconter les 10 ans passés sur le doublage de la saga Harry Potter.
Alors il faut savoir que j'étais déjà dans le milieu du doublage depuis que j'ai 10 ans et donc mon nom circulait dans le milieu et c'est pour ça que j'ai été appelé pour passer le casting, sans que je sache quoi que ce soit du projet. Et il se trouve que j'ai passé les essais pour Harry et aussi pour Ron, donc j'ai un peu essayé les deux et quand j'apprends qu'on m'appelle et qu'on me dit c'est toi qui feras Harry, mais c'est le bonheur complet ! Surtout que je suis jeune, j'ai 12 ans, donc j'étais pressé de commencer.
À la base on nous avait dit qu'il y aurait trois films. On se doutait que ça allait continuer derrière, mais on partait sur trois films.
Ce qui se passe dans le doublage c'est qu'il y a une directrice artistique qui elle a une vue d'ensemble sur le film et qui peut nous conseiller sur la manière de jouer la comédie, ou même de poser sa voix. Moi, on m'avait interdit d'être familier, Harry Potter devait être ultra clean, donc aucune élision, chaque mot était important, donc ça c'était un travail très compliqué, surtout qu'on a 12 ans.
Harry : «Je suis désolé il ne sait pas ce que c'est que d'être là dans cette cage, jour après jour, à regarder des visages hideux collés contre la vitre.»
On avait une équipe derrière qui nous disait : il faut dire ce sort de cette façon. Tout était carré donc une fois qu'on nous disait il faut le dire comme ça, il faut dire Wingardium Leviosa, ok. d'accord, on va dire Wingardium Leviosa. Pour la langue des serpents, on m'a tout écrit, chaque syllabe que je devais dire. Ça faisait quelque chose comme [...] et après ils mettent de l'écho, des effets, des choses dessus qui font que ça prend toute cette ampleur.
Sur les premiers [films], j'ai tout le temps fait les films avec Olivier et Manon, avec les deux protagonistes. Pour ceux d'après, c'était un peu moins le cas. Alors il y a deux raisons à ça : il y a les disponibilités de chacun et il y a aussi le fait que avec Olivier on s'amusait vraiment beaucoup à faire rater Manon. Donc parfois, on nous a séparé exprès pour pouvoir avancer parce que sinon... Et c'était une famille, on était vraiment une famille, on s'amusait beaucoup, peut-être un peu trop. Je pense que ça se ressent aussi dans les films parce qu'il y avait une vraie complicité entre nous.
«Ce soir quand on retournera à la salle commune on aura une cavalière d'accord.»
Il y a des scènes où ça a été très dur, pour plusieurs raisons. Je pense à une scène en particulier sur le 1, le premier. Donc moi, j'allais au studio en RER et il se trouve que j'ai eu plus de deux heures de retard parce que dans ce RER, une femme a accouché, voilà, dans mon train. Et donc j'arrive dans le studio, je suis vraiment désolé, c'est pas de ma faute mais voilà, le train est arrêté, j'ai pas pu avancer. Et il se trouve que la première scène que je dois doubler ce jour-là, c'est une scène où il y a le chien à trois têtes qui garde la porte. Les trois enfants s'enfuient, essayent de fermer la porte et le chien pousse la porte, et donc la phrase que je devais dire c'était «mais pousse, poussez, pousse». Donc je suis parti en fou rire et on a mis deux heures de plus à faire une scène de 30 secondes, malheureusement.
Le plus dur c'est quand il y a énormément d'émotions à faire passer, heureusement qu'il y a du théâtre derrière pour pouvoir assumer des scènes comme ça.
Harry : «Je ne pouvais pas le laisser.»
Dumbledore : «C'est fini, Harry, c'est fini !»
Plus les films avançaient et plus on sentait l'ambiance noire, sombre, et on se le disait entre nous, on disait mais en fait, c'est plus du tout pour les enfants.
Le fait de retrouver toujours le même personnage, bah on le comprend de mieux en mieux et on sait même, rien qu'à son œil, on sait ce qu'il veut dire, ce qu'il pense et l'émotion dans laquelle il est à ce moment-là.
Je pense que l'impact, je l'ai ressenti à partir du moment où il y a eu des regroupements de fans de Harry Potter et qu'on m'invitait pour ça, pour aller à leur rencontre. Je savais que c'était un film très connu, mais voilà, la résonance du film, je l'ai ressentie à ce moment-là.
On est un peu fier quand même participer à un projet comme ça, mais on se juge tellement dans ce milieu... Quand je me vois, je me juge et je me dis, tiens, j'aurais peut-être pu la faire différemment. C'est pour ça que je regarde pas trop les films que je double.
J'ai rencontré quasiment toute l'équipe grâce aux avant-premières, où ils venaient en France. Aussi grâce aux conventions aussi, beaucoup, Comme Felton, j'ai passé tout un week-end avec lui en convention par exemple.
Je m'en souviens parfaitement du dernier jour. C'était une dernière scène avec Olivier, et il se trouve qu'on ne voulait absolument pas finir cette saga. Et donc on a mis aussi deux bonnes heures à le faire, parce qu'on échangeait les rôles, on prenait un accent, on ratait exprès parce que c'est trop triste. Ça a duré 10 ans et mettre un point final à 10 ans de ce travail, c'était très difficile.
Et quand je vois maintenant, on peut comparer les Harry Potter aux Star Wars ou à des sagas comme ça qui vont durer dans le temps, je pense que ça va tenir toute ma vie au final, je vais avoir cette image de la voix française d'Harry Potter. Parfois ça m'a joué des tours sur certains rôles, ou [des rôles] que j'ai pas eus parce qu'ils ne voulaient pas forcément que ce soit la voix d'Harry Potter qui fasse ce rôle, mais c'est le jeu. Et si on me demandait de choisir entre avoir tous les autres rôles que j'ai pas eus parce que j'ai fait la voix Harry Potter ou faire HarryPotter, je refais Harry Potter mille fois.