B2 Les origines des nom des rues
David Castello-Lopes
Europe 1 historiquement votre avec Stéphane Bern les origines.
Stéphane Bern : Pour conclure cette émission on remonte aux origines toujours avec Jean-Luc Lemoine, GavinSpemante-Ruiz et surtout maintenant avec vous, David Castello-Lopes. Vous nous racontez les origines des noms des rues.
David Castello-Lopes : Oui. Est-ce que vous savez qu'à peu près la moitié des personnes sur la terre habitent dans des endroits qui n'ont pas d'adresse ? Alors vous allez me dire : on s'en fout qu'ils n'aient pas d'adresse. C'est cool, c'est naturel de pas avoir d'adresse, c'est l'état primitif de l'habitat. Est-ce que les abeilles elles ont des adresses ? Non ? Bon, alors.
Et la vérité c'est qu'on s'en fout pas du tout, et on s'en fout pas du tout parce que le monde est organisé de telle façon que sans adresse, vous ne pouvez pas obtenir de prêt immobilier, vous ne pouvez pas créer une entreprise, vous pouvez pas voter, etc. donc c'est nul. Et bien sûr, la première étape pour avoir une adresse c'est d'avoir un nom à sa rue.
Mettre des noms aux rues, c'est, en France, quelque chose qui date du Moyen-Âge mais au départ, c'était bien sûr une tradition orale, où on décrivait par exemple, entre soi, la situation des rues. La rue de l'Église, la rue du Puits, la rue du Pont, et quelquefois aussi, c'était ultra descriptif comme par exemple, on a des traces de la rue «allant de la place de la petite boucherie à la poterne de l'abbaye», voyez c'est assez long comme nom de rue. C'est une rue à Tournus.
L'activité qui se pratiquait dans la rue pouvait aussi servir à lui donner son nom. Il y a à Montpellier comme ça une rue qui s'appelait «la traversa qei va a Las filias», la rue qui va aux filles. De quelles filles il s'agit ?
Stéphane Bern : On sait. Des filles de joie. Mais c'est vrai. Il y a comme ca la rue des tisserands, la rue des cordonniers, la rue des des...
David Castello-Lopes : Oui, il y a aussi l'activité de la rue.
Jean-Luc Lemoine : Ça doit être difficile pour l'immobilier quand vous habitez dans la rue qui va aux filles de joie. (ah ah)
Stéphane Bern : : Oui oui elle est très fréquentée à certaines périodes. (ah ah)
David Castello-Lopes : il arrive que ces rues elle s'appelle encore comme ça mais, mais bon, il y n'a plus forcément de prostituées dedans. Il y avait aussi des rues du pipi et des rues merdière, vous voyez, qui se passe un petit peu de commentaires, mais voilà qui renseigne ce qu'il y avait dessus.
Alors à cette époque, on ne donnait jamais aux rues des noms de gens, jamais, sauf de gens vraiment très importants, comme par exemple la Sainte Vierge, Oui, ça ça pouvait éventuellement vous valoir une rue si vous étiez la Sainte Vierge. Tout ça, ça a changé à un moment très précis, au XVIIe siècle, sous l'impulsion d'un monsieur que vous connaissez peut-être, et qui s'appelait Maximilien de Béthune de Sully, qu'on connaît mieux généralement sous le nom de juste Sully, mais vous Stéphane, vous connaissez aussi son nom complet. Sully, c'était un des principaux conseillers d'Henri IV. Il avait notamment le titre de Grand Voyer de France. Un voyer, c'est quelqu'un qui est chargé de gérer les voies publiques et le Grand Voyer de France, c'est le chef de toutes les voies publiques de toute la France, ce qu'était Sully. Et c'est Sully qui s'est dit que ce serait une bonne idée de commencer à donner aux rues des noms de gens illustres c'est de lui que date par exemple la Place Dauphine qui s'appelle comme ça à cause...
Stéphane Bern : de la Dauphine
David Castello-Lopes : Plutôt du fils d'Henri IV, Dauphin de France, qui deviendra Louis XIII. Et à partir de là, nommer les rues à partir de gens, enfin, même nommer les rues en général, c'est devenu un truc politique.
À la révolution, on a des baptisé des rues en masse pour remplacer tous les noms qui rappelaient la royauté ou le christianisme par des trucs révolutionnaires et sans religion, genre la rue Royale qui est devenue la rue de l'Égalité, les rues Saint-denis et Saint-Jacques qui sont devenus les rues juste Denis et Jacques. Puis à la restauration, on a rebaptisé tout ce que la révolution avait débaptisé, mais c'est à partir du 19e siècle qu'on a commencé vraiment à faire ce qu'on fait encore aujourd'hui, c'est à dire à rendre hommage aux gens décédés en donnant leur nom à une rue.
- Vous savez quel est aujourd'hui le top 3 des personnalités honorées par des rues en France ?
- Victor Hugo ?
- Il est dans le top 3.
- Le Général de Gaulle ? Il est dans le top 3 aussi ?
- oui. le Général de Gaulle est premier. Victor Hugo est troisième.
- Le deuxième, c'est un quoi...
- C'est un auteur ?
- Non, non, ce n'est pas un auteur.
- C'est un homme politique ?
- Non, c'est un scientifique.
- C'est Pasteur.
- C'est Pasteur, exactement. Numero 1 de Gaulle, numéro 2 Pasteur, numéro 3 Victor Hugo. Alors, dans le top 10, il y a pas de femme, il y a pas de femme, et d'ailleurs dans l'ensemble, les femmes ne représentent pas beaucoup de rues, juste 2 % des rues en France. La plus courante, c'est Notre Dame, et ensuite dans l'ordre, à votre avis, allez, deuxième petit quizz.
- Pour les femmes ?
- Oui.
- Marie Curie ?
- Oui, première, excellenete réponse.
- Jeanne d'Arc ?
- Jeanne d'Arc deuxième, très bien, et troisième c'est plus dur mais...
- Jeanne Mas [une chateuse des années 1980]
- George Sand !
- Ah oui.
- Alors, à noter quand même qu'à Paris il y a plus de femmes, il y a 12% des rues qui ont des noms de femmes. Même si des fois on ne sait pas que c'est des femmes. Et c'est pour ça...
- Et c'est pour ça qu'on a remis les prénoms.
- Et voilà !
- Mio, j'habitais rue de La Rochefoucauld, et c'était une Marie Gabriel de La Rochefoucauld, on ne savait pas, moi je pensais La Rochefoucauld comme... [un homme célèbre qui s'appelait La RoucheFoucauld]
- Exactement.
- Et donc après le GPS est perdu. Il a pas encore intégré le prénom des filles.
[...]
Stéphane Bern : Pour conclure cette émission on remonte aux origines toujours avec Jean-Luc Lemoine, GavinSpemante-Ruiz et surtout maintenant avec vous, David Castello-Lopes. Vous nous racontez les origines des noms des rues.
David Castello-Lopes : Oui. Est-ce que vous savez qu'à peu près la moitié des personnes sur la terre habitent dans des endroits qui n'ont pas d'adresse ? Alors vous allez me dire : on s'en fout qu'ils n'aient pas d'adresse. C'est cool, c'est naturel de pas avoir d'adresse, c'est l'état primitif de l'habitat. Est-ce que les abeilles elles ont des adresses ? Non ? Bon, alors.
Et la vérité c'est qu'on s'en fout pas du tout, et on s'en fout pas du tout parce que le monde est organisé de telle façon que sans adresse, vous ne pouvez pas obtenir de prêt immobilier, vous ne pouvez pas créer une entreprise, vous pouvez pas voter, etc. donc c'est nul. Et bien sûr, la première étape pour avoir une adresse c'est d'avoir un nom à sa rue.
Mettre des noms aux rues, c'est, en France, quelque chose qui date du Moyen-Âge mais au départ, c'était bien sûr une tradition orale, où on décrivait par exemple, entre soi, la situation des rues. La rue de l'Église, la rue du Puits, la rue du Pont, et quelquefois aussi, c'était ultra descriptif comme par exemple, on a des traces de la rue «allant de la place de la petite boucherie à la poterne de l'abbaye», voyez c'est assez long comme nom de rue. C'est une rue à Tournus.
L'activité qui se pratiquait dans la rue pouvait aussi servir à lui donner son nom. Il y a à Montpellier comme ça une rue qui s'appelait «la traversa qei va a Las filias», la rue qui va aux filles. De quelles filles il s'agit ?
Stéphane Bern : On sait. Des filles de joie. Mais c'est vrai. Il y a comme ca la rue des tisserands, la rue des cordonniers, la rue des des...
David Castello-Lopes : Oui, il y a aussi l'activité de la rue.
Jean-Luc Lemoine : Ça doit être difficile pour l'immobilier quand vous habitez dans la rue qui va aux filles de joie. (ah ah)
Stéphane Bern : : Oui oui elle est très fréquentée à certaines périodes. (ah ah)
David Castello-Lopes : il arrive que ces rues elle s'appelle encore comme ça mais, mais bon, il y n'a plus forcément de prostituées dedans. Il y avait aussi des rues du pipi et des rues merdière, vous voyez, qui se passe un petit peu de commentaires, mais voilà qui renseigne ce qu'il y avait dessus.
Alors à cette époque, on ne donnait jamais aux rues des noms de gens, jamais, sauf de gens vraiment très importants, comme par exemple la Sainte Vierge, Oui, ça ça pouvait éventuellement vous valoir une rue si vous étiez la Sainte Vierge. Tout ça, ça a changé à un moment très précis, au XVIIe siècle, sous l'impulsion d'un monsieur que vous connaissez peut-être, et qui s'appelait Maximilien de Béthune de Sully, qu'on connaît mieux généralement sous le nom de juste Sully, mais vous Stéphane, vous connaissez aussi son nom complet. Sully, c'était un des principaux conseillers d'Henri IV. Il avait notamment le titre de Grand Voyer de France. Un voyer, c'est quelqu'un qui est chargé de gérer les voies publiques et le Grand Voyer de France, c'est le chef de toutes les voies publiques de toute la France, ce qu'était Sully. Et c'est Sully qui s'est dit que ce serait une bonne idée de commencer à donner aux rues des noms de gens illustres c'est de lui que date par exemple la Place Dauphine qui s'appelle comme ça à cause...
Stéphane Bern : de la Dauphine
David Castello-Lopes : Plutôt du fils d'Henri IV, Dauphin de France, qui deviendra Louis XIII. Et à partir de là, nommer les rues à partir de gens, enfin, même nommer les rues en général, c'est devenu un truc politique.
À la révolution, on a des baptisé des rues en masse pour remplacer tous les noms qui rappelaient la royauté ou le christianisme par des trucs révolutionnaires et sans religion, genre la rue Royale qui est devenue la rue de l'Égalité, les rues Saint-denis et Saint-Jacques qui sont devenus les rues juste Denis et Jacques. Puis à la restauration, on a rebaptisé tout ce que la révolution avait débaptisé, mais c'est à partir du 19e siècle qu'on a commencé vraiment à faire ce qu'on fait encore aujourd'hui, c'est à dire à rendre hommage aux gens décédés en donnant leur nom à une rue.
- Vous savez quel est aujourd'hui le top 3 des personnalités honorées par des rues en France ?
- Victor Hugo ?
- Il est dans le top 3.
- Le Général de Gaulle ? Il est dans le top 3 aussi ?
- oui. le Général de Gaulle est premier. Victor Hugo est troisième.
- Le deuxième, c'est un quoi...
- C'est un auteur ?
- Non, non, ce n'est pas un auteur.
- C'est un homme politique ?
- Non, c'est un scientifique.
- C'est Pasteur.
- C'est Pasteur, exactement. Numero 1 de Gaulle, numéro 2 Pasteur, numéro 3 Victor Hugo. Alors, dans le top 10, il y a pas de femme, il y a pas de femme, et d'ailleurs dans l'ensemble, les femmes ne représentent pas beaucoup de rues, juste 2 % des rues en France. La plus courante, c'est Notre Dame, et ensuite dans l'ordre, à votre avis, allez, deuxième petit quizz.
- Pour les femmes ?
- Oui.
- Marie Curie ?
- Oui, première, excellenete réponse.
- Jeanne d'Arc ?
- Jeanne d'Arc deuxième, très bien, et troisième c'est plus dur mais...
- Jeanne Mas [une chateuse des années 1980]
- George Sand !
- Ah oui.
- Alors, à noter quand même qu'à Paris il y a plus de femmes, il y a 12% des rues qui ont des noms de femmes. Même si des fois on ne sait pas que c'est des femmes. Et c'est pour ça...
- Et c'est pour ça qu'on a remis les prénoms.
- Et voilà !
- Mio, j'habitais rue de La Rochefoucauld, et c'était une Marie Gabriel de La Rochefoucauld, on ne savait pas, moi je pensais La Rochefoucauld comme... [un homme célèbre qui s'appelait La RoucheFoucauld]
- Exactement.
- Et donc après le GPS est perdu. Il a pas encore intégré le prénom des filles.
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